Epreuve TSQ : (2004)

Mon ardeur visionnaire s’effondra brusquement sous un choc imprévisible. Un cousin installé à côté de mon père, l’avertissant sur un ton de reproche ; - Rombaye tu devrais savoir que les maîtres frappent beaucoup les élèves. Je pense que Bangui est trop jeune pour supporter ça et qu’il n’est pas prudent de l’envoyer à l’école ! 
- Oui, oui, lui rétorquait papa sans laisser transparaître le moindre émoi, on m’a souvent raconté que le régime y est très sévère. Mais Bangui grandit, ce n’est plus un bébé ! Il faut qu’il apprenne à supporter les épreuves. Crois-tu que ce que l’on fait subir aux enfants dans cette école de Bossangoa soit plus dur que notre « beul » ? Nous y sommes tous passés et nous n’en sommes pas morts ! Je vous le dis, moi Rombaye, il faut que l’un d’entre nous se fasse « nassara », et ce sera Bangui ! Il aura bientôt neuf ans ! 
Les dernières paroles de mon père éveillèrent en moi un secret orgueil. Il avait raison ! Quelques coups ne m’effraieraient pas ! Ce ne serait pas eux qui m’empêcheraient d’apprendre à lire et à écrire, maintenant que j’étais presque grand. Mais le cousin ajoutait sentencieusement : 
- Rombaye ! Il est rare que les enfants d’un bon cultivateur ne le deviennent pas aussi. Tel père, tel fils ! Tu le sais mieux que moi ! Bangui semble beaucoup promettre ; alors pourquoi te priver d’une aide efficace ? Et puis, tous ici nous considérons que le travail de la terre est le seul valable ! Dans sa bouche, « valable » ne pouvait avoir qu’un seul sens, celui d’honorable. J’écoutais leur discussion, perdu dans un enchevêtrement de sentiments contradictoires, Mon regard inquiet allait de l’un à l’autre. Saisi d’une douloureuse incertitude, je craignais fort que le cousin ne l’emportât ! Son raisonnement m’apparaissait inattaquable, et je me demandais comment papa pourrait résister à d’aussi sages arguments. Mais, moi, je voulais ardemment aller à l’école, et plus tard, me transformer en un élégant « boy coton » ! L’ardeur de la discussion me faisait mésestimer l’entêtement de Rombaye. Lorsqu’une idée avait germé dans son esprit, elle s’infiltrait si tenacement que personne, non, personne n’aurait pu l’en arracher. Alors, une idée pareille, qui avait si patiemment mûri, sous le soleil des champs, chaque jour, à chaque tour de houe et de bras, ne risquait en rien d’être ébranlée, même par les coups de boutoir d’un solide bon sens paysan.

Beul : nom de l’initiation chez les Gois

Antoine Bangui« Les ombres de Kôh » 
Edition Hatier, coll. « Monde Noir Poche », 83

I./Compréhention 
1. Trouvez un titre à ce texte. (2 pts) 
2. Que représente l’école aux yeux de l’enfant ? (2 pts) 
3. Quels sont les arguments du cousin ? (1 pt)

II./ Vocabulaire 
1. « Transformer » : donnez deux verbes ayant à peu près le même sens. (0,5 pt x 2) 
2. « Emoi » : trouvez un synonyme. (1 pt) 
3. Donnez deux mots de la même famille que imprévisible. (0,5 pt x 2) 
4. Expliquez le mot transparaître. (1 pt)

III./ Grammaire et maniement de la langue 
1. Donnez la nature et la fonction des mots soulignés. (2 pts) 
2. « Je craignais fort que le cousin ne l’emportât »

  • a) Indiquez la nature et la fonction de la subordonnée. (0,5 pt x 2)
  • b) Indiquez le mode et le temps du verbe « emportât » et justifie ta réponse. (1 pt) 
    3. Recherchez dans le texte une subordonnée interrogative indirecte.(1 pt) 
    4. Faites l’analyse logique du passage allant de : « Lorsqu’une idée... arracher » (2 pts) 
    5. Ecrivez ces phrases au style indirect. Opère les transformations nécessaires : « Oui, oui, lui rétorquait papa ...... épreuves » (2 pts) 
    6. Reliez les propositions suivantes de manière à obtenir une subordonnée de concession :
  • Nous y sommes tous passés et nous n’en sommes pas morts. (2 pts)

 

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